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- ATTAQUE CHIMIQUE SUR HALABJA - 1988

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- ATTAQUE CHIMIQUE SUR HALABJA  -   1988 Empty - ATTAQUE CHIMIQUE SUR HALABJA - 1988

Message par mini Jeu 10 Sep - 5:16

Le gouvernement de Saddam Hussein et le massacre du peuple Kurde


Le 16 mars 1988, les bombardiers irakiens ont noyé la petite ville kurde de Halabja sous un déluge de bombes chimiques. En quelques heures, plusieurs milliers de civils sans défense, adultes et enfants, sont morts asphyxiés. Combien ? On ne le saura sans doute pas de sitôt. L'estimation la plus couramment avancée est de 5 000 morts.

Ce n'était pas la première fois que le régime irakien de Saddam Hussein utilisait les gaz contre la population kurde. Le 15 avril 1987, un "usage expérimental" dans la province de Sulaimanya contre les villages de Haladin, Bargalo, Kanito, Awazic, Sirwan, Noljika, Chinara, a fait une centaine de morts. Le 16 avril, cette sinistre « expérience » fut étendue à la province voisine d'Arbil, plus précisément contre les villages de Sheikwasan, Totma, Zeni, Khati, Balalokawa, Alana, Darash tous situés dans la vallée de Balasan. Bilan : 300 morts, dont 121 dans le seul village de Sheikwasan. Parmi les dernières victimes, 76 enfants âgés de moins de 8 ans. Les 286 rescapés de ce gazage qui avaient tenté d'aller se faire soigner dans les hôpitaux d'Arbil furent tous arrêtés par les forces irakiennes, collectivement massacrés et enterrés dans une fosse commune.


Expérience faite, l'armée Irakienne s'est sont rendus compte de l'efficacité mortelle et de l'impact psychologique considérable de ces gaz. L'arme chimique est alors devenue une arme de plus dans la vaste panoplie des troupes irakiennes en guerre contre la guérilla autonomiste kurde, depuis pratiquement 27 ans. Une arme utilisée par routine contre les populations des vallées d'accès difficile, imprenables par les fantassins. Une routine peu remarquée par l'opinion publique internationale. Dans l'effroyable boucherie qu'est la Guerre du Golfe, avec son million de morts, son cortège de blessés, de destructions et de drames de toutes sortes, qui allait s'apitoyer sur le sort des civils kurdes gazés par un régime soutenu à la fois par l'Est et par l'Ouest?

C'est d'ailleurs en tablant sur cette hypothèse que Bagdad a mobilisé ses forces pour "régler une fois pour toutes la question kurde" à la faveur de cette guerre, en s'inspirant du sort réservé aux Arméniens par les dirigeants ottomans au cours de la Première Guerre Mondiale. Un calcul qui s'est finalement révélé assez fondé puisque, malgré la destruction quasi totale des villages kurdes, la déportation de centaines de milliers de civils kurdes vers les déserts du Sud, les exécutions sommaires, par milliers, de patriotes kurdes et de leurs enfants, l'opinion n'a guère réagi.


Cette absence de réaction et de curiosité sur la situation intérieure d'un pays subissant l'une des dictatures les plus effroyables de l'histoire du Proche- orient a permis aux autorités irakiennes de poursuivre leur projet de destruction de l'entité kurde en Irak. Puis, il y a eu HALABJA, 5 000 morts en quelques heures, des bébés tétant encore le sein maternel, les enfants tenus par la main de leur père ou de leur mère au moment d'être subitement surpris par l'ange de la mort, pétrifiés sur place. C'est sans doute ces images télévisées qui ont incité l'opinion à se demander s'il n'y avait pas aussi quelque chose de pourri dans le « royaume de l'ami Saddam », jusque là présenté complaisamment comme le « défenseur des valeurs laïques et modernes contre le fanatisme moyen-ageux de Khomeiny ». Certes, le régime de khomeiny est une abomination. Et les Kurdes sont peut-être mieux placés que quiconque pour le savoir. Les 8 millions de Kurdes de ce pays ne subissent-ils pas, depuis août 1979, la « guerre sainte » décrétée contre eux par l'Ayatollah ? Qui a oublié les centaines de jeunes kurdes fusillés par les « tribunaux révolutionnaire » de Khalkhali ? Mais la peste doit-elle faire oublier qu'il y a également d'autres fléaux mortels, comme le choléra par exemple ? Craignant la déstabilisation de l'ensemble du Proche- orient, les puissances, grandes et moyennes, ont aidé l'Irak à empêcher l'exploration de la révolution islamique vers les pays de la région.

Pourquoi ce soutien devrait –il aller de pair avec le silence sur les exactions perpétrées par Bagdad contre ses propres citoyens ? A cours de la Première Guerre Mondiale, l'Allemagne du Kaiser avait fermé les yeux sur le massacre des Arméniens par ses alliés turcs et on lui reproche encore aujourd'hui ce silence complice.

Malgré les témoignages accablants des images télévisées et la reconnaissance de l'usage des gaz chimiques par le vice- ministre irakien, Tareq Aziz, lors de sa visite en RFA, malgré la Convention de Genève de 1925 prohibant formellement l'usage de ce type d'armes, la communauté internationale a peu réagi, à l'exception des pays scandinaves, de l'Australie, du Canada, d'Israël et de l'Iran, ce dernier pays pour des raisons qui lui sont propres. Aucun Etat membre du Conseil de Sécurité de l'ONU n'a eu le courage de condamner ce massacre barbare, d'exprimer sa sympathie aux victimes. Même la France, puissance dépositaire de la convention de Genève, s'est contentée de publier un bref communiqué "condamnant l'usage des armes chimiques où que ce soit" sans nommer ni les auteurs du crime, ni les victimes. Que de clameurs, de protestations véhémentes n'aurions- nous pas entendues si les Soviétiques avaient commis un tel massacre aux armes chimiques en Afghanistan, ou les Américains au Salvador, ou les Israéliens dans les territoires occupés.

Le silence des Etats et de l'ONU, l'absence de sanctions ne peuvent qu'encourager les Irakiens à poursuivre l'usage des armes chimiques contre leurs propre citoyens kurdes. Si un jour, ils arrivaient à fabriquer des armes bactériologiques ou nucléaires, ils n'hésiteraient probablement pas à s'en servir contre les Kurdes d'abord, puis contre d'autres Etats de la région. En lançant son entreprise de génocide des Juifs, Hitler avait déclaré "Qui se souvient encore des Arméniens liquidés par les Turcs?". Le régime irakien semble suivre un raisonnement similaire et se dire: "Face à la puissance économique, financière et politique du monde arabe, solidaire de l'Irak, quel Etat aura l'audace de prendre la défense des Kurdes contre nous?".

Si les Etats sont restés silencieux, il n'en est heureusement pas de même avec les citoyens. Dans tous les pays occidentaux, de nombreux particuliers, des artistes, des intellectuels, des journalistes, des associations et organisations de défense des droits de l'hommes ont témoigné de leur sympathie à l'égard du peuple kurde sous les formes les plus variées. Le Parlement européen et le Sénat américain ont adopté des résolutions spéciales pour condamner ce massacre. L'Internationale Socialiste et la plupart des partis socialistes, communistes et libéraux d'Europe occidentale ont exprimé leur condamnation. Dès qu'elle a pu avoir accès aux lieux du drame, la presse occidentale a consacré de nombreux reportages et articles empreints de sympathie pour les victime de Halabja. Elle a également bien couvert les manifestations de la diaspora kurde à travers le monde. Dans leur malheur, les Kurdes ont été particulièrement touchés par cette solidarité de l'opinion publique démocratique.

D'après l'Institut Kurde de Paris, 1998



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La guerre chimique a continué après Halabja


Du 25 août au 15 septembre l'armée irakienne a mené une offensive d'une extrême violence contre les provinces kurdes situées le long de la frontière turque. Déclenchée juste au lendemain du cessez-le-feu conclu sous l'égide de l'ONU dans la guerre du Golfe, cette vaste offensive a mobilisé environ 60 000 soldats irakiens soutenus par des bombardiers et des hélicoptères de combat. L'ensemble de cette région de 10 000 km² a été soumis à l'intenses bombardements aériens, visant à détruire toute habitation, toute trace de vie. Mais c'est surtout l'usage massif des gaz chimiques qui a provoqué les plus lourdes pertes au sein de la population civile kurde.

Sans défense, désarmés devant les « vents de la mort chimique », environ 100 000 des 150 000 habitants de la région se sont réfugiés en Turquie. Le sort des autres reste incertain. Une partie d'entre eux, encerclés par les troupes irakiennes lancées à leur poursuite, ont été envoyés vers des camps d'internement où on ignore ce qu'ils sont devenus. D'autres ont été exécutés sur place. Nul n'est encore en mesure d'établir un bilan précis de ces massacres.

Dans ce pays totalement fermé à la presse et aux observateurs étrangers, aucune enquête indépendante n'a pas pu être effectuée pour évalués l'ampleur des destructions et des meurtres collectifs. Tout au plus dispose-t-on d'indication partielle sur quelques-uns uns des 77 villages gazés et des 478 villages réduits à l'état de ruines au cours des cet « assaut final ». Le 29 août, dans la localité de Baze Gorges les troupes irakiennes portant des masques à gaz et des tenues anti-gaz ont massacré à l'arme chimique 2980 civils kurdes. Les cadavres des victimes ont ensuite été brûlés sur place. Dans les villages Babier et Warmeil, 200 personnes ont été tuées par les gaz, à Barjan 80 civils, à Barhule et Bielijan 75 civils, dont une cinquantaine de femmes, à Hesse 50, à Guldya 44, à Ekmalla 33, à Berchi 20 et à Tuka 14 personnes.

En lançant son offensive contre ces régions reculées et enclavées du Kurdistan le gouvernement irakien pensait pouvoir agir dans le silence. L'ouverture de la frontière turque et l'exode massif des Kurdes vers ce pays ont brisé ce mur du silence.

Les images de ces dizaines de milliers de Kurdes irakiens fuyant les gaz ont suscité une vive émotion dans l'opinion publique mondiale. Le 15septemre,l'iraka été obligé de stopper les bombardements chimiques du pays kurde. Il a été contraint de différer l'exécution de son projet de « restructuration du Kurdistan', qui consiste à détruire tous les villages et la plupart des villes kurdes pour les remplacer par une vingtaine de « villes modernes », sorte de « hameaux stratégiques » surveillés en permanence par l'armée.

Extraits des numéros spéciaux Halabja et Vents de la mort des Bulletins d'Information de l'Institut kurde de mars et septembre 1988


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Message par mini Jeu 10 Sep - 5:22

suite


Halabja : un génocide ?

Le 17 mars 1988, l'aviation irakienne bombarda la ville d'Halabja, ainsi que les bourgades avoisinantes de Duceyda, Inab, Hurnalet, et Sirva. Le nombre de victimes fut évalué à 5000 morts. Le nombre de blessés et de ceux qui resteront handicapés n'est pas connu.

Les déclarations de protestations des associations humanitaires et des gouvernement occidentaux furent très timides. Elles apparaîtront de façon significative qu'après la Guerre du Golfe. Très peu de journalistes se trouvaient dans la région en raison de l'interdiction du gouvernement irakien et du danger particulièrement important qui régnait à cette époque. Un journaliste turc qui avait pu se rendre dans la ville d'Halabja, deux jours après le gazage, avait écrit dans son quotidien :

« Oh mon Dieu ! mon Dieu ! Quel terrible spectacle, les bébés, les enfants, les femmes, les vieux, les innocents, tous dorment comme un tas de terre, à chaque pas il y a des cadavres humains, des cadavres de bêtes qui répandent une odeur terrible (…). Les irakiens ont gazé sans pitié tous ces hommes et femmes, certaines mères serrent encore leur bébé sur leur poitrine, certains voulant s'échapper de leur maison sont tombés sur le seuil de leur porte, d'autres, en courant dans la rue sont tombés sous un mur, certains voulant protéger leurs petits enfants sont morts sur eux. (…) Les autorités irakiennes m'ont proposé une somme d'argent assez importante pour que je n'écrive pas tout ce que j'avais vu, mais je n'ai pas accepté car j'étais sur place, j'ai vu des gens mourir devant mes yeux, j'aurais pu mourir moi aussi, de plus je suis un être humain ».


Kurdistan : Un véritable Hiroshima chimique
L'armée irakienne commet le premier grand massacre à l'arme chimique.


5 000 Kurdes asphyxiés par bombardement chimique. Un nouveau pas vient d'être franchi par Bagdad dans la barbarie guerrière. Écartelé entre l'Irak, l'Iran et la Turquie, le Kurdistan fait l'unanimité contre lui. Chacun leur tour, ces pays cognent à bras raccourcis sur les populations kurdes.

Le comble de l'horreur a été atteint, la semaine dernière, avec les bombardements, par l'armée irakienne, de villages kurdes irakiens récemment conquis par l'Iran. Au moins 5 000 morts, essentiellement de femmes, des enfants et des personnes âgées. Et, pour faire bonne mesure, le bétail et les animaux domestiques.

Les bombes larguées par les Mirage F1 (faut-il rappeler que la France est le premier fournisseur d'armes de l'Irak ?) à basse altitude étaient remplies de gaz, cyanide et ypérite. L'effet a été immédiat : la mort par asphyxie.

Déjà condamnée deux fois

C'est la première fois que les armes chimiques sont utilisées à une telle échelle sur un terrain d'opérations. Si l'Irak a déjà été condamné deux fois par la conseil de sécurité de l'ONU pour usage d'armes chimiques contre l'Iran (que la Convention de Genève interdit), ce n'est pas la première fois qu'elle s'attaque ainsi aux régions du Kurdistan placées sous son administration. Dans sa volonté d'en finir avec le mouvement nationaliste kurde, en particulier avec les parti politique PDK et PUK qui dirigent une résistance armée, elle utilise fréquemment le gaz.

Substitut à l'arme nucléaire

Trois mille villages kurdes ont été détruits ou incendiés, plusieurs milliers de personnes contraintes à une immigration forcée. Le massacre prend un tour si systématique qu'il ressemble fort à un génocide.

Menaces de ripostes iraniennes

Chose faite : l'Irak est désormais le plus grand producteur de ce type d'armes au Moyen-Orient, dans ses usines de Samarra et d'Al Fallujah. Le bombardement chimique du Kurdistan irakien risque par ailleurs d'aggraver, si faire se peut, le conflit Iran-Irak. Le gouvernement de Téhéran a, en effet, menacé de riposter en utilisant à son tour les armes chimiques (au moyen de missiles sol-sol dont les têtes seraient à charge chimique). Après la guerre du Golfe, après la guerre du Golfe, après la guerre des villes (déclenchée chaque fois par l'Irak), va-t-on entrer dans l'ère de la guerre chimique? J.P.B., mars 1988

L'horreur de la guerre chimique


L'aviation irakienne a bombardé, mardi 22 mars, avec des armes chimiques six villages du Kurdistan iranien, ce qui indique que Bagdad n'a pas l'intention de renoncer à une pratique qui a suscité une vive émotion dans le monde. (...)

Le Monde, mardi 22 mars 1988


Des milliers de Kurdes victimes de bombardements chimiques

La guerre du Golfe prend un caractère de plus en plus sanglant. Les Irakiens ont bombardé à l'arme chimique la région de Halabja, dans le nord de l'Irak, enlevée la semaine dernière par les Kurdes, alliés des Iraniens, faisant des milliers de victimes. D'autre part, quatre seulement des cinquante-huit membres d'équipage des deux pétroliers iraniens, attaqués samedi 19 mars, près de Khrag, ont été retrouvés vivants.


Selon Téhéran, les bombardements sur la région d'Halabja, dans le Kurdistan irakien, ont fait cinq mille morts et autant de blessés dans la seule journée de vendredi dernier.

Un groupe de journalistes occidentaux emmenés sur les lieux a pu voir dans les rues et abris de Halabja et des localités avoisinantes des dizaines de cadavres d'hommes, de femmes, d'enfants et d'animaux qui avaient qui avaient été indiscutablement victimes de produits chimiques.

Au cours d'une conférence de presse au siège des Nations unies à New York, le représentant de l'Iran, M. Mahallati, a demandé une aide internationale pour soigner les blessés, dont un certain nombre, a-t-il dit, ont été victimes de gaz innervants. Selon lui, les avions irakiens ont utilisé des bombes à fragmentation contenant aussi du gaz moutarde et du cyanide.

Le porte-parole de l'ONU a déclaré que M. Perez de Cuellar, secrétaire général de l'organisation, était « extrêmement préoccupé » par les information qui lui avaient été transmises. Aux Nations unies, on rappelle que l'Irak a déjà été condamné à deux reprises par le Conseil de sécurité pour utilisation d'armes chimiques, la dernière fois il y a tout juste deux ans, le 21 mars 1986.

Le Monde, mercredi 23 mars 1988


L'Irak n'a pas démenti les accusations lancées contre lui


Tandis que l'Irak poursuit ses bombardements à l'arme chimique de villages kurdes, le secrétaire général de l'ONU, M. Javier Perez de cuellar, s'est déclaré mardi « consterné » par l'escalade du conflit et a lancé un nouvel appel « dans les termes les plus énergiques » aux deux belligérants pour mettre fin à tout acte faisant obstacle à l'arrêt des hostilités. Le secrétaire général a fait cette déclaration après des consultations entre les membres du Conseil de sécurité de l'ONU sur les derniers développements du conflit, et en particulier sur le recours aux armes chimiques par l'Irak dans le Kurdistan irakien. Un porte-parole de l'ONU a déclaré que M. Perez de Cuellar étudiait la requête de Téhéran d'envoyer sur place une mission d'enquête pour constater « l'ampleur des crimes irakiens ».

Selon Téhéran, les bombardements à l'arme chimique ont visé mardi la Kurdistan iranien, où dix villages kurdes dans les régions de Marivan et de Sardacht ont été atteints par des bombes chimiques larguées par l'aviation irakienne. La ville de Sardacht, à 10 kilomètres de la frontière irakienne, avait déjà été victime du même type d'armes chimiques en juin 1987. L'Iran avait alors fait état de plus de 60morts et de milliers de blessés civils.

L'Irak, si prompt d'habitude à réagir aux communiqués iraniens, n'a pas encore démenti les accusations concernant l'utilisation de l'arme chimique, ce qui constitue presque un aveu. En mars 1984, au moment des offensives iraniennes dans les îles Majnoun, au cours desquelles les Irakiens avaient pour la première fois utilisé des produits chimiques pour essayer de freiner l'offensive adversé, les autorités de Bagdad avaient laissé entendre qu'elles se réservaient le droit de recourir à n'importe quelle arme pour stopper « l'agression iranienne » .

Après la prise de Halabjeh, le ministre irakien de la défense, M. Adnan kheirallah, avait de même menacé de recourir « à tous les moyens pour défendre le territoire irakien » . A ce propos, M. Hushyar Zebari, membre du comité central du Partie démocratique du Kurdistan (KDP), a relevé que « le président Saddam Hussein était le premier dirigeant du monde à utiliser des armes chimiques contre ses propres citoyens » . A Paris l'Association arabe des droits de l'homme a condamné mardi les « massacres inqualifiables » perpétrés au Kurdistan irakien. « Quelles que soient les motivations » , ajoute l'Association, co-présidée par M. Mohamed Harbi, ancien conseiller politique de président Ben Bella, et l'acrivain syrien Bourhane Ghalioune, « les Arabes ne peuvent se taire devant de telles pratiques employées contre une population qui fait partie intégrante du peuple irakien » .

Entre-temps, la « guerre des villes » se poursuit bien qu'à une moindre échelle : mardi seules deux fusées sol-sol ont été échangées entre Bagdad et Téhéran. L'Iran a répliqué à l'attaque de deux de ses superpétroliers, qui avait fait près de cinquant-quatre morts – le bilan le plus meurtrier d'une attaque de navires dans le Golfe depuis le début de la « guerre des pétroliers » en 1984, - en attaquant un méthanier norvégien la Havglimt , et le super-pétrolier grec Stavros . Ce dernier n'a subi que des dégâts mineurs. L'attaque du Havglimt a fait au moins deux morts et dix blessés parmi les marins.

Le Monde, Jeudi 24 mars 1988

Bagdad reconnaît implicitement avoir recours à l'arme chimique

L'Irak a reconnu implicitement, samedi 26 mars, avoir recours aux armes chimiques. Dans un communiqué officiel, les instances dirigeantes irakiennes, réunies sous la présidence de M. Saddam Hussein, ont dénoncé la condamnation de l'Irak par les instances internationales et les pays étrangers qui l'accusent d'utiliser des armes chimiques, ont affirmé « son droit, ainsi que sa détermination, à recours à tous les moyens a sa disposition pour contrer l'invasion iranienne » . Dans un geste sans précédant, le communiqué dénonce M. Javier Perez de Cuellar, pour avoir condamné sans ambiguïté le recours aux armes chimiques. Il l'accuse d'être « partial » et de s'occuper de questions secondaires au lieu de contraindre l'Iran à accepter une paix globale. Le quotidien Al Thawra, organe du parti Baas au pouvoir, affirme que personne n'a le droit de dicter à l'Irak le « type d'armes qu'il doit utiliser pour se défendre ». « A ceux qui prévalent de la Convention de Genève, écrit-il, nous rappelons que cette Convention interdit également l'occupation par la force du territoire d'autrui.»

A Londres, l'hebdomadaire britannique The Observer reproduit deux documents émanant du commandement militaire irakien qui prouvent que ce dernier a bien donné l'ordre d'utiliser des armes chimiques au Kurdistan. Il s'agit d'un télégramme, marqué urgent, «émanant du commandant de l'armée irakienne, Saadi Mahoumed Hussein, du district kurde de Zakho qui infirme le « commandant A » que le parti démocratique kurde (PDK) a acheté 4000 masques à gaz pour se défendre « de nos armes chimiques quand nous attaquons leurs bases ». Le deuxième document est une lettre du général irakien Abdel Waham Azzat adressée à l'état-major du district kurde d'Erbil ordonnant le maintien d'un stock d'armes chimiques et biologiques à la disparition des unités de combat. A Stockholm, environ un millier de personnes ont manifesté samedi devant l'ambassade d'Irak pour protester contre l'usage d'armes chimiques au Kurdistan. Les manifestants, parmi lesquels de nombreux réfugiés kurdes installés en Suède, ont défilé dans le centre ville, en portant des banderoles proclamant « Non à un nouvel Hiroshima ». A Washington, une centaine de manifestants ont jeté des pierres et de bouteilles dimanche contre la façade de l'ambassade d'Irak aux Etat-Unis.

Entre-temps, la guerre des fusées se poursuit. Dimanche, les Iraniens ont tiré deux missiles sol-sol sur Bagdad. L'Irak pour sa part a envoyé deux fusées sur Téhéran et Ispahan. Sur le terrain, la situation dans le Kurdistan irakien continue d'être critique pour l'Irak. Les forces iraniennes, qui ont envahi, il y a deux semaines, la pointe orientale de la province de Souleymaniyeh affirment poursuivre leur progression. Après avoir occupé Halabja et Khormal, elles se sont scindées en deux formations progressant de part et d'autre des eaux du lac de Darbandikhan formées par le barrage qui alimente partiellement en électricité Bagdad. Selon Téhéran, les forces iraniennes ont réussi à s'approcher à huit kilomètres de la localité de Sayed Sadiq au nord du lac et, dimanche, une nouvelle opération, nommée Beit el Moqadass4, leur a permis le contrôle d'une vingtaine de kilomètres au sud, dont plusieurs hauteurs de « grande importance stratégique ».

(AFP, Reuter) u Le Monde, mardi 29 mars 1988
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Message par mini Jeu 10 Sep - 5:26

vidéos qui peuvent etre choquantes pour certains d'entre nous




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Message par MasH Jeu 10 Sep - 5:44

Quelle horreur encore... Je connaissais l'histoire mais il est vrai que comme Hiroshima et les chambres a gaz on atteint ici encore le summum de la barbarie ! Rolling Eyes
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Message par Mick Jeu 10 Sep - 6:20

Ce que l'on peut regretter c'est qu'a cette période l'on savait ,soit il n'y avait pas encore les portables et internet (sans oublier que la guerre Iran Irak qui a duré presque 10 ans et fait plus 1 000 000 de morts a savoir que l'Irak était très puissante et équipé par l'occident les armes chimiques ont été utilisé durant ce conflit)

Oui l'on savait et pourtant aucunes condamnation ou embargo ou même intervention l'Irak après la guerre était très endetté ...
L’Irak, très affaibli par la guerre Iran-Irak, a d'énormes dettes par rapport à certains de ses voisins arabes, notamment quinze milliards de dollars au Koweït, pays avec lequel l’Irak entretient de mauvaises relations depuis sa création en 1961 car il lui bouche la plus grande partie du golfe Persique qui permettrait a l'Irak d'écouler son pétrole. De plus, comme l'Irak le lui reprocha souvent à l'OPEP avant l'invasion, la production élevée de pétrole koweïtien avait pour effet la baisse du prix du pétrole, ce qui n'arrangeait absolument pas l'Irak, lourdement endetté.

Donc l'on peut massacrer des pauvres mais dés que l'on touche aux ressources des riches.......

N'empêche que l'Irak n'avait pas fini de nous payer les missiles Exocet ...
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Message par MasH Jeu 10 Sep - 6:34

Tu veux donc dire que les missiles charger en gaz était de manufacture francaise?
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